di 20-21.07.14

Dublin.

les rives de la Liffey, qui réminiscent forcément Joyce, tout comme le Trinity college réminisce Beckett.
la library, la long room du college : ce vaste, imposant dépôt de nos pensées d'hommes, morts, impressionnant dépôt d’alluvions de récits et de paroles échouées… je m'y suis arrêté longuement dans le silence, à savourer, presque me recueillir, lieu prégnant en odeurs de vieux papiers, de feuilles de veau, de vieux bois, de cuir…
St Patrick cathedral, domaine du doyen Swift, et de son magnifique Gulliver écrit, caché, sous pseudonyme, et cela était effectivement probablement plus sage.
excellent restaurant en terrasse, dont un savoureux et étonnant  loup de mer à la sauce fraise-menthe. puis on enchaîne sur un pub républicain, très bons musiciens, danses, très joyeuse ambiance, excellentes et très nourrissantes white irish beer and caledonian stout, affiches et très fort, très poétique manifeste politique d’indépendance aux murs.

 

ve 25.07.14
île d’Aran. Connemara.

Aran minéral, calcaire, comme un os de sèche échoué au travers des eaux.

Letterfrack - old monastery hôtel
au pied des twelves bens
pluie passagère
fish & chips
pub avec les locaux à l’accent prononcé
bien avec S.

 

di 27.07.14
Dublin. Paris.

je ne lirai rien, je n'écrirai pas, je n'écrirai rien durant ce voyage… mais, comme par enchantement, ou par un souci de la recherche au retour retrouvée, je me remets à lire, et à écrire à nouveau seulement dans l'avion qui nous ramène.

il faut également attendre de revenir à Dublin, puis Paris, pour retrouver la pluie que nous n’avons quasiment pas vue dans les landes et les bords de mer…

 

ma 29.07.14
Paris.
ciel blanc gris.

très probablement pour tenir journal faut-il être assis… en plus d’être en léger retrait de l’action.
je peux aussi être libre d’arrêter.

après la reprise du travail trivial, alimentaire, reprendre le travail de pensée, d’écriture, de méditation…

passer la marche, du dessus. par en-dessous.

 

me 30.07.14
Paris.
ciel bleu.

de la difficulté à reprendre le fil de la recherche, de l’écrire. à lire même, par défaut de parvenir à mieux. mais c’est sans doute que l’on ne peut être dans cette tenue continue sans cesser parfois, sans se laisser aller de temps en temps.
et puis quelques questionnements, mais légitimes, sur le futur professionnel, en particulier sur l’articulation entre le travail d’écriture et le boulot plein temps, entre l’activité d’auteur et celle, future peut-être, d’organisateur de spectacles… l’articulation en temps comme en énergie, mais aussi en statut, celui que l’on se mène dans la tête, comme celui, « imagé » qu’en ont les autres.

 

je 31.07.14
Paris.
beau, chaud.

travail, jardinage.

un nouveau boulot ne pourra être viable pour moi que si je le mène de façon certes énergique mais posé. viable pour pouvoir garder l’énergie vive, de fond, à l’écriture.

 

ve 01.08.14
Paris.
le même beau, la même chaleur.
le grand prunier que j’ai élagué cet hiver a fini sa fructification, signe que la saison est déjà bien avancée.

toujours de la difficulté à me mettre ces jours-ci au boulot d’écriture, mais nous ne pouvons pas toujours être efficace.

lecture au parc de la garenne, nom qui pourrait être incongru en plein Paris si l’on ne se rappelait ces anciens temps où pâtures et vergers bordaient le centre ville (Rousseau herborisait à Belleville et Menilmontant), allongé dans l'herbe. dans une douce ombre... le pépiement des oiseaux dans les buissons.

On ne peut que donner deux choses à ses enfants : des racines et des ailes.

proverbe juif/chinois ?

 

sa 02.08.14
Paris.

rien.
après l'Irlande et avant la Lozère, dans quelques jours, rejoindre l’ami Rahmy…

la vocation c’est ne jamais cesser. un projet à peine achevé avoir déjà soif, désir, perspective d’un suivant.

 

lu 04.08.14
Paris.

second tour d’entretien de recrutement pour un théâtre.

plus tard…
départ donc demain pour un mois.
et avec, presque, un nouveau métier et boulot en poche, aux missions intelligemment adaptées à mon profil et au timing meilleur que prévu, pour débuter en oct-nov… que demander de plus ce jour ?
l’énergie sera donc rassemblée, centrée dans le secteur artistique et ce sera peut-être la fin de mon activité de grimpe, d’escalade, de nature, de « dehors ». tout du moins à destination des autres…

 

ma 05.08.14
Paris. Suisse.

je quitte Paris, job accompli, le soleil démarre ses premières forges du matin, jaunes, lorsque je traverse la Seine.
en route donc vers Lausanne. cette année, déjà, les Causses, l'Angleterre, les Alpes, la Russie, l'Irlande et la Suisse donc… encore une belle année de voyage, chanceux.

j'aurai donc très probablement comme nouveau métier celui d'organisateur de spectacles (prod, diff), dans une structure qui en proposent de très bonne tenue… et cesserai mon métier d'escalade.

chez P. et T. Rahmy.
nous discutons non stop comme de vieilles pipelettes, poursuivons pour être plus exact la discussion entamée la dernière fois que nous nous sommes vus, en arrosant cela généreusement d’un très bon vin italien et de whisky écossais.

 

me 06-07.08.14
Suisse. Vaud. Lutry, Lausanne. lac.
dans le douceur posée, de ce pays rangé.
méditation mi-ombre mi-soleil tout près du lac. courte, mais longtemps que l’expire, le lâché n’avaient pas été ainsi profonds.

avec Phil, revoir la traduction de T. du Sha-Clack-Clack de Saul Williams.

lac
baignade du soir, baignade du matin

écrire ? écrire quoi ?
rien.
de ces moments entre choses faites, menées, et choses non encore faites, menées, pensées, soupçonnées même.

centre de légèreté, préférablement à celui de gravité. ce qui n’exclut pas le poids de ce que l’on puisse être ou faire.

L’art est la capacité de créer une construction (…) qui n’est pas fondée sur le goût esthétique préconisant la joliesse de la composition, mais qui est bâtie sur le poids, la vitesse et la direction du mouvements.

Malevitch, 1916, Ecrits – trad. Andrée Robel

 

ve 08.08.14
Suisse. Valais.

montée en altitude, à Derborence, au vaste éboulement, au lac… puis au col de Sanetsch, alpages à vaches et marmottes, et l’immense lapiaz veiné, au pied du Glacier de Tsanfleuron (Diablerets), large, étalé, blanc, bleu comme une banquise.

 

sa 09.08.14
Suisse. Lausanne.
lac. baignade, discussions sans fin. nous parlons tellement depuis 4 ou 5 jours, que j’en ai presque un besoin de silence, alors même que je ne donne que rarement ma part au chien question bavardage.

demain Mont-Lozère. toujours, bien nomade cette année : les plateaux, les landes, les tourbières, les neiges et sommets, les glaciers et falaises, les lacs et fleuves, les mégapoles et gratte-ciels, les villes poussières et les villages perdus…

 

di 10.08.14
Suisse. Mont-lozère.

suite du voyage, long, avec pas mal de péripéties : accident voyageur entre Lausanne et Genève qui double le temps, puis travaux sur la ligne TGV entraînant une liaison de car de plus d’une heure, puis une heure d’attente à Bellegarde, ensuite train pour Valence, une heure d’attente, puis 5h de routes de montagnes cévenoles avec orage violents annoncés (grêle et 11,5 mm de précipitations entre 17 et 20h)… les classiques orages violents des Cévennes… Mont-Lozère et Aigoual étant les tout premiers obstacles aux formations nuageuses et aux vents venus de l’Atlantique comme de la Méditerranée.

 

ma 12.08.14
Mont-Lozère. sous les sources du Tarn, bord de rivière, canyon.

retrouver l'ambiance canyon ces jours-ci, et réaliser un peu plus que je vais cesser ce métier après 26 ans d'exercice, même si ma pratique, personnelle, depuis l'enfance, de la grimpe, de la montagne, de la rando va se poursuivre.

9 degrés le soir, vent, pluies fréquentes, nous vivons, mangeons, discutons le soir près de nos tentes avec bonnets et grosses habits, mais tout de même en journée un soleil quoique peu puissant, peu piquant, nous permet de marcher, se baigner, rester dehors. étranger été, sans la forge de la chaleur estivale et cela sur presque tout le territoire. c'est en Irlande que nous aurons finalement eu le meilleur temps, le plus chaud. après 2 nuits de pluies violentes, suivies de vent fort en journée, celui-ci tombe le soir, comme souvent, avec le soleil, la chaleur tombant eux aussi.

la création, la puissance de création, qu'est-ce ? le fait de construire, certes, mais aussi celui d'aller un peu plus loin, toujours. pousser le chemin, là où d'autres s'arrêtent.

 

ve 15.08.14
Mont-Lozère, Pont-de-Montvert.
landes, rivières profondes.

grand bien de ne pas écrire.