di 09.03.14

Isère.
méditation dans le pré dans le soleil miraculeux dans les herbes les pissenlits.

 

lu 10.03.14
Isère.
méditation brève dans le pré. soleil.

boulot, gestion, réalisation de plans de tyrolienne pour le jardin du Luxembourg en matinée, puis bûcheronnage avec le paternel. plusieurs arbres abattus et évacués avec le tracteur des cousins…

continuer ici le journal ? le continuer oui, mais ici publié ?

 

ma 11.03.14
Isère.
ciel voilé.

boulot, gestion en matinée, puis bûcheronnage. on tombe 5 ou 6 arbres, les débite et les évacue.

 

me 12.03.14
Isère. Paris.
méditation dans le pré dans le soleil, la tiédeur, le chant des oiseaux.

grosse journée de gestion, à distance.

continuer le journal ? la question revient régulièrement. il est la trace, en même temps que l’un des outils, de la tentative de se connaître. qu’il soit un outil efficace, nécessaire est une chose dont je ne doute pas, et dans ce sens je le poursuivrai, la question se pose plus quant au fait d’en donner une trace qui soit publique : la question de son utilité, de sa pertinence, de la pertinence de l’exposition publique d’une telle besogne, d’un tel exercice, et, au final, du travail considérable que cela demande.

que sont les individus et quelles sont leurs responsabilités lorsque leurs actes, leurs agissements, leurs manières, leurs « styles » sont essentiellement produits par les structures sociales, que celles-ci les traversent, qu’ils les subissent et inconsciemment la plupart du temps. le fait d’être le fruit de structures plus larges que nous-mêmes et nous dépassant, cela nous exonère-t-il d’une responsabilité individuelle ? je ne crois pas. je crois d’ailleurs que nous avons comme première responsabilité de chercher à comprendre un peu, à y voir clair un peu dans ce qui nous constitue… à savoir être sans seulement suivre…
je sais évidemment que nous n’avons pas tous égalité de moyens pour observer cela, mais nous pouvons tous parfois au moins faire un léger pas de côté, et regarder.

tard, en rentrant, à gare de Lyon, une femme au piano, ceux qui sont mis à disposition depuis quelques temps dans certains halls de gares… elle joue, elle joue bien, elle joue avec un grand touché, délicat, fin… deux clodos, trognes et nez abîmés, tout deux en fauteuils roulant, écoutent, touchés. le plus jeune, unijambiste, écoute, moignons croisés, yeux mi-clos, et pleure presque. c'est concert ce soir, à la rue…

 

je 13.03.14
Paris.
grand soleil, étonnant anticyclone pour cette saison, presque tout est en fleur.

fenêtre ouverte, mais c’est une journée de bureau.

une grande part de ce que je vois passer de « manifestations », événements et lectures littéraires ne m’intéressent plus. hormis quelques festivals plus fous, plus enjoués, plus festifs, plus ouverts, plus précis, plus accueillants que d’autres, où le poétique émerge, surgit, bondit autant dans la façon, les rencontres, les marges, dans les fêtes qui suivent que dans les lectures-mêmes. le reste, dans un grand amateurisme souvent, frise l’ennui, voire y a déjà plongé pleinement.

journal : à l'échelle de deux ou trois décennies de constats accumulés, stratifiés, qu'est-ce que j'y constate ? des constantes, surtout, avec des périodes... si c'est la ligne et le tempo typique d'une recherche, c'est aussi probablement celle d'une vie, voire de toute vie.
(« constat », tout comme « constante » étonnement : du latin status, état, de stare, être debout, fixe, stable)

 

pour moi, historiquement, quelques points de fixation, charnières, successives dans le temps :

la parole matière
je n’accepte de porter que mon travail d’une matière de lang. ce travail d’une terre, organique, basale, rustre, racine.
je ne veux bien porter charge que pour ce brut là de lang creuse. de ce creuse de lang dans le creuse du corps.

la parole portée
assumée
apportée
porter la voix
porter la parole, prendre la parole, donner à entendre, donner la parole
trouve le point d’impact, le point où ça touche
+ plateau

la parole claire
par cette expression, plus précisément, j’entends une écriture du simple, du concis, de l’économie de moyens, de la limpidité et de la légèreté dans la pertinence et l’universalité du propos.

 

ve 14.03.14
Paris.
méditation avec deux chats sur le bord de ma fenêtre.

boulot de bureau, puis repérage pour une tyrolienne sur les toits du jardin du Luxembourg.

en fin de journée : lecture de quelques unes des 1 300 pages de Refonder, que j’ai faites imprimer.

docu sur Bukowski et lecture de l'autobio de Gil Scott-Heron (la dernière fête).

plus ça va et plus ce qui est « produit » en poésie aujourd’hui me semble vieux. et rabâché. à l’exception près d’une toute petite, minuscule minorité qui me semble dire un peu du neuf, de façon neuve, tenter une approche neuve, décalée, libérée, indépendante, non soumise, irrespectueuse des vielles antiennes perpétuées.

 

sa 15.03.14
Paris.

les jours passent. qu’ai-je fait de cette journée ?

marcher au soir, voir comment le monde marche, dehors.

voilà deux, trois jours que je ne foutais rien, j’étais seul à la maison, à lire du Gil Scott-Heron au pieu, me demandant où j’allais aller, ce que je foutais vraiment, comment j’utilisais mon temps libre, que je pourrai, encore, bosser plus dur… alors j’allai chercher la bouteille d’Aberlour, la posai au pied du lit, allumai une clope, et jetai sur l’oreiller mes deux derniers manuscrits que j’avais imprimés, plusieurs années de boulot là devant moi, et je n’avais plus qu’à attendre le bon vouloir des éditeurs… alors en attendant, nauséeux dans cette sorte d’ennui, je me mis à prendre de nouvelles notes pour le disque que je voulais écrire, puis composer avec des amis, et enfin enregistrer… je ne sais pas où j’allais vraiment, je savais juste que je voulais aller plus loin, forcer la porte encore une fois, un peu plus… mais je me sentais comme vidé. pourtant, pourtant il y avait tout ce papier, tous ces mots, là, couchés devant moi, sur le pieu, échoués… ouais, forcer la porte, en ouvrir une autre, encore, encore…

 

di 16.03.14
Paris.
soleil qui fait les feuilles, les fleurs du jardin brillantes, translucides.

sortir. courir dans le parc. lire.

 

lu 17.03.14
Paris.
plafond gris.

départ en élagage.

retour le soir : 11 h d'élagage dans la journée, rincé…

 

ma 18.03.14
Paris.

élagage, manip de cordes, tronçonneuse, grumes et gros camion grue.

 

me 19.03.14
Isère. Grenoble.

diversité des activités : aujourd’hui colloque poésie, oralité, didactique de la parole… lecture-dicture puis entretien…
quelques réactions critiques, affectées de certains membres du public, mais cela n’est pas forcément mauvais signe.

la frise du massif de Belledonne déroulée blanche en horizon.