je 21.11.13

Paris.
le jardin encore trempé d’hier. un tout petit moins froid peut-être.

je donne mon cours à la Sorbonne, puis réunion à l’atelier du plateau pour travailler sur un projet de résidence de création, puis, au retour, relevé des mails et beaucoup de gestion en conséquence… journée continue d’un trait, entrecoupée de coups de barre violents, mais journée bien efficiente donc largement satisfaisante.

 

ve 22.11.13
Paris.
3, 4 degrés au matin, ciel bien gris.

 

sa 23.11.13
Paris.
levé tard, couverture nuageuse peu épaisse.
travailler à un article, m’occuper de la maison, grand ménage de fond, suis à peine sorti.

 

di 24.11.13
Paris.
piscine, puis écrire.
chaque jour je travaille à l’article pour l’atelier de géopoétique, mais je peine énormément. je me retrouve devant un tas de parcelles, de morceaux, de petits éléments épars, et les « couturer » est une exercice laborieux.

Il n'est plus le temps d'apprendre à nos enfants à surfer, il est temps de leur apprendre à faire des vagues.

Ben Shneiderman

 

lu 25.11.13
Paris.
7 degrés à midi.
plafond nuageux présent comme si souvent mais peu épais.
fatigue puissante, nuit de m…, du mal à m’atteler au boulot. en milieu d’après-midi, je trouve enfin un peu de calme, de concentration pour avancer un peu mes petites écritures.

je porte une dernière main à l’article sur l’attachement à la terre, pour l’atelier de géopoétique : voilà presque deux mois je crois que je le porte, que je le mûris, et je ne réussis à le sortir que laborieusement… sans doute est-ce parce que le domaine est si proche de moi qu'il a été si difficile de le « labourer », d'y voir un tout petit peu clair… essayer de traiter ainsi de l'attachement, et ressortent quantité d'éléments, bien difficiles alors de les agencer entre eux, d'en faire une synthèse…
je ne crois pas que cet article soit très réussi, mais il m'a pris ces derniers jours une grande part de cette énergie spécifique que j'utilise à écrire.

la nuit tombée si tôt. le peu de lumière agit sur les organismes avec lenteur.
partir marcher à 18 h, dans la ville noire, une longue promenade à laisser couler, laisser voir, regarder le monde vivre…
le calme descend peu à peu. cette sensation jouissive de « coulée » lorsque la détente descend, et non pas seulement dans le cerveau mais dans tout le corps.

après une journée démarrée difficilement, dans la douleur, s'éclairer le visage d'un sourire.

la parole claire est une chose (et je ne l’ai pas toujours si claire), mais il s’agit aussi d’atteindre la pensée, la vision claire… et là j’ai encore du boulot… mais tout cela évidemment se fait concomitamment.
soif vraiment de revenir plus intensément, plus profondément, plus consciencieusement à la méditation. avec écrire, et le soin des autres, je ne vois pas grand chose qui vaille le coup d’y consacrer temps, énergie, forces, intelligence.

 

ma 26.11.13
Paris.
toujours ce même ciel de « nord », gris, continu…

rugueuse matinée. et voilà quelques jours que je sens le besoin de m’échapper, partir un peu, d’être en pleine nature. je connais bien ces envies-là.
besoin de lumière. mais la paix la trouver en soi d’abord, ne pas toujours l’espérer dans ce que pourrait apporter des éléments extérieurs.

se défaire des pensées négatives. se défaire de toutes les actions qui visent à optimiser son temps sans cesse, dans un activisme tendu. se défaire de toutes les actions d’hyper préparation qui mènent en partie à la peur, alors qu’elles chercheraient au contraire à nous en défaire.

 

Il n'y a pas de silence.

Penser n'est pas silence,
une chose n'est pas silence,
la mort n'est pas silence.

Être n'est pas silence.
Aux alentours de ces faits
il n'y a que lambeaux de nostalgie :

la nostalgie du silence
qui peut-être un jour exista.
Ou peut-être n'exista jamais
et peut-être devons-nous le créer ?

Roberto Juarroz
Poésie verticale,
traduction Roger Munier, Collection : Points Poésie.


et je retrouve la citation entière :
Aujourd’hui je n’ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.

Des oiseaux qui n’existent pas ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leurs corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.

Ne rien faire
sauve parfois l’équilibre du monde,
en obtenant que quelque chose aussi pèse
sur le plateau vide de la balance.

Roberto Juarroz
treizième poésie verticale,
traduction Roger Munier, José Corti 1993

 

me 27.11.13
Paris.
parvenir à voir les choses clairement, légèrement, joyeusement, un peu difficile ces jours-ci et pourtant c’est bien cela que je tente, et en soi cela est positif.
repérage élagage.

 

je 28.11.13
Paris.
5 degrés à 8 h30. plafond gris.
le besoin de lumière commence à se faire ressentir, mais dans un mois nous sommes au solstice, et alors le jour regagnera.

je donne mon cours à la Sorbonne.
fatigue de fond, probablement un peu malade. je veux utiliser le peu d’énergie que j’ai à la méditation, à la lecture dans ce domaine.
même posé, plutôt en accord avec soi, il reste toujours un peu de guerre en soi. ne pas forcément chercher à se changer, car là réside notre énergie propre, ne pas être toujours dur avec soi, mais accepter tout d’abord. la modification de soi viendra ensuite, en découlera.
durant le temps de la méditation, la chose essentielle : être présent à soi-même
vision claire
ma confusion/agitation que je connais/reconnais depuis longtemps… et même si j'ai l’impression de ne peu, voire pas, avancer, je suis tout de même à la fois plus posé, plus conscient, plus clair qu’auparavant.

 

ve 29.11.13
Paris.

du monde sans cesse à la maison, impossible d’écrire. aucune intimité depuis plusieurs jours, c’est dû à l’espace restreint, pas à nos invités qui y font scrupuleusement attention, mais cela est difficile, rude pour qui est un sauvage.
la fatigue d’hiver. besoin de grand air, de marcher, ferai ça semaine prochaine.

la colère est une énergie. l'accepter, ne pas tout d'abord chercher à la corriger, puisqu’elle existe. c’est après que ça bougera. après l'acceptation, après la reconnaissance avec recul de son existence.

belle soirée à discuter avec les copains, comédiens, traducteurs, après la pièce traduite par S qui a été donné au « Français » ce soir.

 

sa 30.11.13
Paris. Strasbourg.

départ avec l’une de mes filles, avant les aurores, à l'heure des boulangers, de nuit, pour Strasbourg. nous allons voir sa sœur, mon autre fille donc qui vit désormais là-bas, indépendante depuis 2 mois. c’est une grande joie en arrivant, une fête de voir mes filles se « sauter » dans les bras…

journal : auparavant lorsque j'avais une idée, une note pas trop idiote je la posais, maintenant le journal, dans son rythme quasi quotidien, est bien plutôt devenu une tentative d'avoir chaque jour une pensée pas trop indigente, d’essayer chaque jour d’être un peu moins bête, de voir un peu clair…

ses peurs : les regarder, les accueillir, les accepter. c'est un courage peut-être mais c’est surtout le seul moyen de les dépasser, le moyen n'étant pas de lutter contre frontalement ou de les occulter. la peur fait partie de toute vie, de toute évolution, la refuser ne la résout pas, par contre l'accepter, la regarder en face pour ce qu'elle est, existante toujours et dans toute vie, permet de la vivre, de la dégonfler, et d'avancer par delà.
« L'ouverture ne consiste pas dans la capacité de résister à ses peurs, mais dans celle de bien les connaître. » (Pema Chödrön, Les bastions de la peur)
et dans les premières peurs sans doute est-il celle qui consiste (en cette illusion) à tenter de fuir toute situation imprévue, à vouloir tout préparer, tout anticiper, tout garantir.

au soir, après longues balades dans la ville, dans un restaurant de la petite France, discussion longue, belle, de fond avec mes filles et ma sœur.
beaucoup de choses intimes sortent ces temps-ci, les paroles un peu plus se fluidifient encore dans la famille, et c’est tant mieux…

belle journée joyeuse, presque festive.
je découvre que l’une de mes filles garde depuis toujours dans son portefeuille la lettre que je leurs avais adressée lors de la séparation d’avec leur mère, afin qu’elles puissent se construire sur une base saine, dite, de parole.

 

di 01.12.13
Strasbourg.
froid
marche toute la journée, barrage Vauban, maisons moyenne-âgeuses, colombages fins, greniers-pigeonniers, canaux, écluses, ponts tournants, dans le froid continental des terres d’Europe, qui a choisi d’ailleurs, avec larges symboles, son siège ici…

 

lu 02.12.13
Paris.
pas trop froid. grand soleil au sortir au matin et c’est comme une renaissance, une ivresse.
le prunier, traversé par les rayons, est jaune d’or.

rdv important le matin, puis pouvoir travailler à mon rythme l’après-midi, dans un grand calme jouissif.