28.09.12
Paris.
temps très clair. fraîcheur presque trop précoce.

la pression des tâches commence à peser.



29.09.12
Paris.
gris léger puis petit beau. je me demande si décidément cette météo de la capitale n'est pas d'influence essentiellement océanique.

basculer peu à peu vers le travail de voix - zique - scène de nouveau, avant les prochains concerts : italiennes, notes sur les pistes à prendre pour les prochaines répètes, etc…

Il y a une espèce de petits oiseaux qui percent des trous dans les plus gros arbres creux et qui accordent un tel crédit à la puissance de leur bec qu'ils vont toujours de l'autre côté de l'arbre après chaque coup de bec s'assurer si le coup ne l'a pas complètement transpercé.

Georg Christoph Lichtenberg
le miroir de l'âme
(éd. José Corti, p 178 - C 134, trad. Charles Le Blanc)


Les moines de Lodève, en Gascogne, sanctifièrent une souris qui avait mangé une hostie consacrée.

le miroir de l'âme
(éd. José Corti, p 180 - C 169)

(…) Tout observateur du genre humain sait combien il est difficile de raconter une expérience de telle sorte qu'aucun jugement n'interfère dans la narration.

le miroir de l'âme
(éd. José Corti, p 182 - C 192)



péniche. un peu beurré. montée du vin dans le sang. seul sur le pont. zéro clapot. la nuit noire. les lumignons jaune et rouge. la lune ronde. c'est tout. ça repose. ça suffit.



30.09.12
Paris.
levé tôt. ciel bien bleu.

grimpe pour des clients. très beau séquoia géant, bois rouge, ramure impeccable, port magnifique, légèrement déversant, et tout juste la lumière du soleil dessus.
(séquoia : sequoiadendron giganteum. du nom du chef indien Sequoyah (1770-1843), inventeur de l'alphabet cherokee. dédicace faite par le botaniste autrichien Stephan Ladislaus Endlicher).

la bêtise c'est de la paresse, la bêtise c'est un type qui vit, qui dit "ça me suffit". "ça me suffit, je vis, je vais bien, ça me suffit", et il se botte pas l'cul tous les matins en se disant "c'est pas assez, tu sais pas assez de choses, tu ne vois pas assez de choses, tu ne fais pas assez de choses". c'est de la paresse je crois la bêtise, une espèce de graisse autour du cœur…

Jacques Brel
(interview)



basta, ce sera tout pour ce soir. certains jours où il vaut me se taire.



01.10.12

fatigue. même de la langue.



02.10.12
Paris.

Je remarquais distinctement un brouillard qui s'élevait sur son visage, de celui qui naît toujours du sentiment qui vient d'ordinaire, quand l'on se croit supérieur à autrui.

Georg Christoph Lichtenberg
le miroir de l'âme
(éd. José Corti, p 194 - C 339, trad. Charles Le Blanc)




03.10.12
Paris.
fond de l'air frais comme on dit, mais bourrasques tièdes d'automne. j'aime ça.

répète trio parl#, recréer un morceau, puis filage, à bosser dur, dans la bonne humeur.


écrire ici n'a d'éventuelle valeur que si cela a une portée qui dépasse l'intérêt personnel. or ce n'est pas le cas ces temps-ci. donc je n'écris pas. pas ici.



04.10.12
Paris.
ciel bleu, nuages blancs.

en répondant à un appel à texte, fais un point sur ce que je sais de l'espace, du ciel, et de ce que ça induit de mon appréhension du monde.

Lichtenberg : "l'homme est celui qui pense, non celui qui dit (…)"… c'est-à-dire que ce que l'on pense est ce que l'on pense et ressent véritablement, pas ce que l'on dit.

A la manière des Métamorphoses d'Ovide, une chauve-souris pourrait être considérée comme une souris qui, poursuivie par une autre trop libidineuse, pria les dieux d'avoir des ailes ; ailes qui lui furent accordées.

Georg Christoph Lichtenberg
le miroir de l'âme
(éd. José Corti, p 203 - D 65, trad. Charles Le Blanc)




05.10.12
Paris.
vent.

fatigue.

de ces moment où rien ne vient, rien ne s'écrit (pronominal réfléchi). c'est-à-dire que c'est à peine si le rien s'écrit encore. on a perdu le fil, le rythme, la scansion de travail et de pensée. et c'est tout juste si le journal (main)tient encore la continuité, le fil effiloché. pas que l'on craigne les interruptions, car si elles ne sont pleinement nécessaires, elles sont aussi probablement zone de recharge. mais ces périodes d'attente restent de l'attente.

du fait de pouvoir entendre pleinement quelqu'un… l'on parle, l'on parle, mais quand c'est l'autre soudain qui cause, c'est toujours autre, différent, étranger, séparé par définition… ça ne sort pas de nous, ça sort d'en face, mais alors comment ça nous entre dedans ? comment ça peut nous entrer dedans vraiment depuis cette altérité ? l'écoute est bien sûr affaire d'attention, mais aussi d'une alchimie d'accointance, d'affection, de sensible, qui bien avant la volonté et l'intention créent l'attention.
comme dans la lecture : il n'est souvent pas évident d'entendre le texte de l'autre, et pourtant de ces fois où l'on entend tout pleinement, où ça nous prend, attrape. ce point de sensible-là, comme dans l'écoute, où touché par, quand tout emporté (diégétique), et quand alors parfois même ça relance, botte au cul, fait bosser, fait se lever, écrire…

de l'espace, du temps nécessaires pour la pensée :
il y a dans l'espace nécessaire au déroulement et à la pratique d'une pensée comme une notion de lenteur, un besoin de temps long, de reprises fréquentes. mener un travail de pensée est une lave visqueuse, rarement de fulgurances immédiates, un étalement, un déploiement long.
un exercice où le sensation est là aussi une matière mais contenue dans un axe, nourrissant un axe de réflexion, nourrissant le lent, précautionneux dépliement de la pensée. là où la poésie au contraire travaille avec le sauvage, et souvent avec la vitesse, l'urgence.

Je me suis toujours cru incapable de pensée : trop de sentiment, trop de boue, pas assez d'outils. La poésie a pu me paraître une clé, avec sa boue, ses sentiments et son absence d'outils.

Sarah Cillaire
La tartine de bonheur 11 (la pratique artificielle de l'altruisme I)




06.10.12
Guyancourt.
gris agréable. longue méditation dans le léger frais du jardin. puis pluie fine, tenace, continuelle tout le jour…

matinée d'avant concert. une partie de la journée centrée vers ce point-là. faire sa valise d'accessoires - habits - instruments, un peu de sport pour se détendre, puis voyage, implantation, balance, lumières, attente, vie de loges et ses miroirs encadrés de lumignons - ces portants - ses cintres - son canapé - le nom du groupe scotché sur la porte, concentration, scène… puis désinstall, relâche, rencontres et verres.



07.10.12
Paris.
temps clair. soleil. jour off enfin.

parl# : l'intuition que ce n'est que le début, même si cette aventure d'une "parole portée" dure depuis quelques années déjà (qu'elle a commencé dans des caves, comme beaucoup), l'impression qu'il y a encore du bon et long chemin devant. la base de solidité se renforce toujours, à chaque fois, peu à peu. le grand plaisir de jouer, ensemble, avec une équipe d'amis, dure à la tâche, talentueuse… joyeuse.
c'est une petite tournée que nous entamons en ce moment, dans son rythme de nomadisme, de compagnonnage, de (con)centration et de festivité. intense, variée, ouverte.
mais il faut toujours, encore, repartir bosser dur, creuser plus, affiner, préciser plus, resserrer. une puissance qu'il est toujours possible de gagner encore. une puissance au service du point où ça touche, où la portée de verbe, de langue, la portée sauvage ou paisible de poétique, la portée po(é)litique d'exercice d'une liberté, la portée d'humour, puissent encore impacter plus, mieux, plus précisément, plus profondément.



08.10.12
Paris.
pluie. le vert sombre luisant trempé des feuilles de lierre. deux dahlias roses subsistent, quelques roses jaunes. journées à la table, à l'écran.

Mon genre d’esprit n’est pas d’apprendre d’un bout à l’autre dans les livres, mais d’y trouver seulement des germes que je cultive en moi, en vase clos. Je ne fais quelque chose qu’avec peu, et ce peu produit en moi. Si je prenais de plus amples quantités je ne produirais rien. Davantage, je ne comprends pas ce qui est déjà développé.

Paul Valéry, Analecta, Gallimard, 1935, p. 103
(cité dans le Flotoir)



depuis quelques jours l'impression d'y parler mal dans ce journal.


délaisser ce que l'on dit de vous.
quelle qu'en soit la teneur. en particulier si cela grise.