25.08.12
Gard.

Une fois de plus, la question n'est pas : "la joie existe-t-elle ?", mais : veux-tu la joie, oui ou non.
(…)
Tu ne peux pas partir à la recherche de la joie. Voilà l'erreur de presque tous les hommes : ils veulent partir à sa recherche.
Fais-le donc. Tu ne la trouveras pas. Pour la trouver, tu dois la produire.

Ludwig Hohl
Notes ou de la réconciliation non-prématurée
(VII 87, p 87 + XII 113, p 473)
L'Âge d'Homme, coll. Bibliothèque L'Âge d'Homme,
Lausanne, 1989



citations, lectures : un des carburants

suite de la lecture de Claude Hagège : L'homme de paroles (au pluriel). synthèse précise de l'état actuel des recherches linguistiques, depuis l'émergence des capacités de langage.

étymo : enfant, du lat. in-fans "qui ne parle pas"



26.08.12
Gard.

ai peut-être trouvé la fin de UUuU : une mosaïque d'horizons, de lignes, de traces.


le peuple des assis.
le peuple des assis avale, ingurgite, le derrière élargi, développé à force d'assise. le peuple des assis gobe, croyant pourtant ne pas gober tout rond, croyant gober avec son libre arbitre, mais il gobe quand même, la bouche ouverte, comme un poisson une mouche. le peuple des assis n'a plus qu'un postérieur pour corps, et même ce qu'il croit être encore sa pensée propre est assise sur son derrière. il ne sait plus bouger. il ne sait plus bouger en dehors de son derrière.



26.08.12
Gard.

méditation très matinale, dans la grande fraîcheur de la garrigue à l'aube, après la cagne des jours précédents.



29.08.12
Paris.

retrouver le travail d'écrit après deux jours de gestion des tâches du retour.
il me fallait un peu de temps, les tâches finies, derrière soi, libéré de ça, alors un espace s'ouvre peu à peu, rebidouiller quelques pages éparses d'écriture ou de html, lire quelques morceaux à droite à gauche, écouter une ancienne interview d'un auteur, écrire quelques notes pour le journal publié et d'autres pour celui plus intime encore…


tout vouloir contrôler, par rassurance, n'atténue pas les peurs.
c'est au contraire en abandonnant tout d'abord le contrôle, peu à peu, progressivement, en laissant faire, se faire, que les peurs s'estompent.

encore une fois : se construire sur l'abandon.



30.08.12
Paris.

pas grand chose aujourd'hui. faut-il alors le dire ici ?

bloc : rien ne s'y passe pendant des jours, et puis parfois, soudain, tout les 10 ou 15 jours grosso modo, ça surgit, je plonge, ça avance très vite et sur un temps extrêmement bref, le plus souvent moins d'une heure, comme une fulgurance d'agencement soudain, avec assez peu d'ajout de matière en définitive.
aujourd'hui j'en suis à 95 pages de ce bloc, mais comme il n'y a parfois qu'un seul mot par page, ça prend vite volume, on croit vite avoir écrit beaucoup… tout ça ne va pas être très économe pour l'éditeur qui va s'y risquer.
composition : ce n'est pas un agencement, un recueil de poèmes séparés distincts, mais un long poème continu, rythmiquement séquencé. le tempo est marqué par le saut de page, la variation-division rythmique se joue elle dans le phrasé.


UUuU : la ligne d'horizon, lorsqu'on se "l'accapare" et la dessine, devient comme la première ligne, la première ligne d'écriture.



31.08.12
Paris.

Levi-Strauss (film, réal. Pierre Beuchot, entretien mené en 1972 par Jean-José Marchand) :
la prohibition de l'inceste (selon une règle plus ou moins libérale selon les sociétés) oblige à s'unir à une autre famille biologique, et s'unissant entre elles, à constituer une société (là où je n'avais saisi pour cette défense que la seule raison de la viabilité biologique d'éviter la consanguinité, et non la conséquence (voire la raison) de créer 1- une société, 2- diversifiée… sans cette défense d'ailleurs, on ne pourrait parler que de familles et non de sociétés).
c'est le premier universel qu'il traite.
un deuxième universel ne serait-il pas celui de l'usage et de la perpétuation des mythes, à l'image de ce que les ancêtres ont déjà faits et que l'on reproduit ?
mythes (en tout cas chez les Bororo, Amérique du Sud) où le passage de la nature à la culture n'est pas symbolisé comme chez nous par l'invention-l'utilisation des outils ou du langage par exemple, mais par l'opposition du cru (nourriture des animaux) et du cuit (nourriture typiquement de l'humanité), donc du feu.


UUuU approche sans doute de sa fin, et comme toute fin de bouquin, chez moi du moins, elle dure un peu... mais d'autres chantiers s'ouvrent en même temps, qui poussent celui-ci.



01.09.12
Paris.
beau temps, clair, frais.


UUuU : ça sent la fin aujourd'hui. elle s'agence peu à peu, trouve sa place, avec le temps, naturellement.
ça aura donc été réalisé entre l'été 2010 et l'automne 2012. comme souvent, je m'étonne de ma relative régularité : peu ou prou 2 ans et demi pour chaque volume.

que suis-je en train de construire depuis toutes ces années ?

gros nettoyage du site, du indesign. quelques détails graphiques à régler.

fin sur une ligne d'horizon (pas n'importe laquelle, celle de la Vallée des Merveilles, un soir d'été), au couchant, plein ouest. la nuit arrive, reste une ligne entre le noir et le bleu-vert. une ligne, naturelle, mais "saisie" ne devient-elle pas autre qu'elle-même ? une trace, une écriture ? un début d'écriture ?



02.09.12
Paris.

la joie est un choix.

beaucoup bossé sur UUuU, sa fin. c'est quasi sûr maintenant.
besoin sans doute aussi de libérer du champ pour autre chose.


est-ce que si l'on rentre les corps des proches dans l'écrit, l'on ne risque pas de "tuer" quelque chose de la relation réelle que nous avons à eux ?

j'ai repris "l'étude" il y a peu. combien de temps cela va-t-il durer, avant que je ne revienne à du plus instinctif ?



03.09.12
Paris.

rien.
un film sur le vieux Burroughs.



04.09.12
Paris.

UUuU : fini.
le dessin de la meute de loups a dénoué la fin.
énorme travail toute la journée sur les dernières constructions et nettoyages (version web html + version livre numérique/papier indesign)

bloc : dire tout. et tout cru.



05.09.12
Paris.
temps lumineux couvert. pas d'air.

quasi pas sorti depuis presque 10 jours, et puis fin d'un livre…
conséquence prévisible : un peu down today, p'tit coup de mou… les cycles…
sortir à nouveau.



06.09.12
Paris.
grand beau temps frais.

déjà engrainé dans le prochain volume, et puis, en parallèle, Refonder qui enfle.



07.09.12
Paris.
grand beau temps mais frais.



08.09.12
Paris.
grand beau temps frais. encore.

lendemain de cuite et de fumée.

envie d'une cabane où casser du bois. marcher.

UUuU : une part de secret, où tout n'est pas explicitement dit des liens, des liaisons entre les éléments du livre, entre ces éléments et l'histoire magique des signes. parfois des cieux, des saisons, des bêtes...
il n'est pas nécessaire de tout dire.

bloc : temps, tempo, et donc saisons… très prégnants.
je joue.
il y a de la dérision, de la distance là-dedans. du clown.


c'est presque toujours un volume qui pousse l'autre, le finit.

Hagège : "la trace (dont l'écrit) se passe de présence (de celui qui profère le discours), puisqu'elle représente."