27.07.12
Lyon.
créer, écrire, peindre simplement, avec le geste simple, le geste libre, non pétri d'enjeux, d'a priori de résultat, désaffecté des poids, références et pressions, des attentes paralysantes. pour cela, faire, dans la plus grande simplicité. juste faire.
aussi simplement "pensé", c'est-à-dire aussi peu, qu'un geste commun. aussi simplement que la cueillette de fleurs ou de cailloux. ce n'est pas un geste qui aurait une plus grande valeur, une quelconque plus grande noblesse, mais geste simple, réalisé simplement, communément. juste faire. faire encore.

écrire sur le balcon, torse poil.

peut-être suis-je habité par une idée plus grande que moi. n'est-ce pas un peu démesuré et prétentieux ? si j'écoute au fond de moi, je ne crois pas, c'est comme une pulsation intime que je suis, et souhaite encore aggraver, suivre simplement.



29.07.12
vacances. rythme de repos.

étapes de la réalisation :
rêve impérieux -> pensée ferme -> faire passer la pensée dans les faits (réalisation)

Ludwig Hohl
Notes ou de la réconciliation non-prématurée
(l'accessible et l'inaccessible III, de la mort, 224, p 91)




30.07.12
soleil cru.
longue méditation chaque matin.
peu à dire.

dans ces notes, on assiste à la digestion quotidienne d'une sorte de monstre, se nourrissant de tout ce qu'il peut glaner.

tournée des familles avant de monter en montagne.



31.07.12
soleil cru encore.
plaisir de transpirer. travail du bois.
longues discussions en familles concernant ceux qui se retrouvent isolés par les souffrances et les extrêmes complexités psychiques. l'immense douleur d'être là encore sans pouvoir les aider plus. mais le plaisir aussi, quasi contraire, pour les autres, d'être là ensemble, de parler, échanger, se soutenir.



02.08.12
Marseille.
soleil cru.
comme d'hab l'arrivée magistrale, touchante, au-dessus de la mer, du port marchand, des docks… la lumière.

Je dis qu'il y a un poème seulement si une forme de vie transforme une forme de langage et si réciproquement une forme de langage transforme une forme de vie.
(…)
Parce que le rythme n'est plus, même si certains délettrés ne s'en sont pas aperçus, l'alternance du pan-pan sur la joue du métricien métronome. Mais le rythme est l'organisation-langage du continu dont nous sommes faits.
(…)
Non les mots ne sont pas faits pour désigner les choses. Ils sont là pour nous situer parmi les choses.
(…)
Pour un poème, il faut apprendre à refuser, à travailler à toute une liste de refus. La poésie ne change que si on la refuse. Comme le monde ne change que par ceux qui le refusent.

Henri Meschonnic
Manifeste pour un parti du rythme
in revue Résonance générale n°1 été 2007




03-07.08.12
Haut-Verdon.
départ altitudes.
bergerie isolée entre Haut-Verdon et Ubaye.
grand alpage. multitudes de plans d'horizons.
marche. marche. sous le cagniard puissant.
trouvé l'edelweiss emblématique mais si rare.
bivouacs.



07.08.12
Mercantour.
on attaque la deuxième rando, ce qui nous portera à 6, 7 jours de marche.
arrivée à 18h30 à 2 100 m. environ. soleil du soir. grande porte d'entrée de la vallée des Merveilles, majestueuse porte de l'ancien verrou glaciaire.
peut-être ce lieu-là qui, pour la première fois, va réunir pour moi écriture et montagne, signes et pierres et terres — comme le symbole d'une charnière à ce qui est peut-être mon milieu de vie, et là où le plateau de la balance a déjà basculé définitivement (depuis 3 ans environ) du côté de l'écriture, par rapport à celui de la montagne (en tout cas des velléités de performance dans ce domaine, car le goût profond, puissant du "dehors" reste toujours ancré lui) —.



08.08.12
Mercantour.
porte des Merveilles.
au lac.
aller voir les gravures, les 100 000 gravures tout à l'heure.

sacré nomadisme depuis le 2. alpages, montagnes, pierres, herbes, minéral, toundras d'altitudes, calme, silence, temps, vie au rythme du soleil, du cagnard, de la chaleur du zénith, et de l'arrivée de la nuit, au rythme de la marche, de l'effort, de l'état des pieds, du besoin de boire et de la fatigue.
oui cet hiver, aller s'isoler dans une lande, dans un puit de calme et de silence, vivre lentement, méditer, écrire, marcher.

méditer
sous les étoiles
dans l'alpage
finir UUuU comment ?

les petites lampes frontales qui traversent l'alpage et les immenses dos de ciappes usés, vitrifiés par les anciens glaciers de 10 000 ans.



10.08.12
hier 9h de marche. retour vers la basse vallée. bivouac sous l'auvent d'une chapelle en face de Saorge, c'est tout ce que nous avons trouvé. mais avec une fontaine devant, c'est un luxe.
rencontre avec les voisins de ce lieu de pèlerin qui nous invitent tout d'abord à l'apéro, finissent par nous offrir le repas, et l'on chante ensuite ensemble quelques bons auteurs une bonne partie de la soirée.
tard, pour un randonneur, nous rejoignons notre chapelle, et dormons sur la pierre. petites rencontres miraculeuses des voyages.



12.08.12
autre massif. Belledonne.
écriture sur la balcon, avec l'ordi-machine à écrire.
puis escalade.



13.08.12
marche.

libre de ses gestes. ne rien se laisser imposer, si ce n'est par soi.



14.08.12
le fonctionnement de nos ascendants nous en apprend beaucoup sur notre fonctionnement propre. ce qui nous a été légué des fonctionnements psychiques, ce que nos ascendants n'ont pas compris, n'ont pas su "régler", n'ont pas su apaiser, n'ont pas su faire évoluer, et surtout n'ont pas su lâcher.

ne rien faire : tellement longtemps je n'ai pas su "rien faire", pas su laisser couler, apaiser. perpétuellement tendu, dans l'effort toujours. dans l'effort vers un objectif, un dépassement. aujourd'hui il y a toujours ma ligne tendue, mais enfin centrée, précise, rassemblée dans l'écriture, et non plus dispersée. et même l'abandon, le rien faire est un apport à cette entreprise, dans le sens où par ce gain de paix j'ai acquis une direction plus ferme, concentrée, des forces posées, regroupées et non plus parsemées.

Refonder : permet une vaste recension des pistes, des ébauches, des idées, des notes, et la possibilité de retrouver tout cela dans un grand axe syntagmatique par une recherche intertextuelle par mots-clés.

les montagnes au-devant et pourtant je préfère écrire-lire…


espace, astronomie, etc… : creuser cela, apprendre dans ce domaine. hormis la connaissance scientifique, cela m'intéresse et m'apporte tout d'abord par la capacité que cela offre de devoir varier notre point de vue (notre vue est si souvent si étroite, partielle et orientée uniquement selon notre propre personne, cela apprend à voir ailleurs mais surtout à imaginer voir d'ailleurs), s'accoutumer au changement d'échelle (nous ne voyons si souvent qu'à notre échelle restreinte), d'élargir et de vivifier/stimuler l'imagination par la diversité des mondes et paysages, des chimies, biologies et physiques que nous découvrons.
c'est donc là apprendre à nous voir, nous concevoir, mais avec une perspective capable d'imaginer d'autres angles de conception, de saisissement, et cela à une échelle toute autre.
et peut-être aussi éventuellement être de ce siècle qui découvrira que des formes de vie existent ailleurs que dans notre petit coin de terre terrestre, que des conditions, même étranges, sont réunies pour cela. là-bas.



15.08.12
baignade dans le torrent de montagne glacé.
de plus en plus attaché à ces baignades rudes…