18.07.12
Paris. beau temps quoique encore un peu laiteux, et loin de la canicule.

ai passé une bonne partie de ma vie à construire le contexte et le rythme de vie et de travail que j'ai aujourd'hui. mais je n'ai pas su y parvenir sans quelques crises, fonctionnements toxiques et douleurs majeures.

L'ordre et le tri sont le commencement de la maîtrise ; le seul ennemi vraiment redoutable, c'est celui qu'on ne connaît pas.

Thomas Mann
cité par Ludwig Hohl
in Notes ou de la réconciliation non-prématurée

ce n'est pas ici l'apologie de l'ordre que fait Mann, ou celui de l'absence de prise de risque, mais celui de se connaître, d'avoir repéré, de savoir éviter, de savoir anticiper, donc de savoir créer en fonction.



19.07.12
travail un peu sur UUuU, la dernière ligne (droite) peut-être, mais j'ai tellement accumulé de traces, de traits, d'horizons, que je ne sais plus comment les agencer.

Seul écrit une chronique celui pour qui le présent compte.

Goethe
Maximes et réflexions III


Une grand intelligence, additionnée d'un talent, quel qu'il soit, et servie par une volonté, aboutit toujours à des réalisations, à des découvertes.

Ludwig Hohl
Notes ou de la réconciliation non-prématurée
(II, de la mort, 80, p 52)


si je me dégage du temps cet hiver, c'est pour bosser dur, encore plus dur. pas pour autre chose.

notes au jour le jour : c'est évidemment creuser, chercher, réfléchir à ce que l'on mène, porter trace de ce travail continu. là-dessus le choix de rendre publique ce travail de notes, d'essayer de lui procurer, et donc de lui supposer, un intérêt d'ordre général pour autrui, oblige d'autant plus à la précision, la concision, l'énorme exigence.



20.07.12
pas d'écriture, de notes. presque.
quelques retouches de celles des jours précédents, déjà en arrière, passées.



21.07.12
journées d'encadrement en grimpe : aujourd'hui descente d'un viaduc en rappel.

soudain ai réussi à agencer, retravailler les cinquante premières pages de bloc.



22.07.12
le tour de France passe sous les arbres que nous grimpons…

incroyable d'avoir autant avancé hier et si vite dans bloc. le tempo général soudain a jailli, est sorti de derrière les premiers morceaux, fragments, bouts, rognures que j'avais posés… il s'agit du tempo à l'échelle du volume, du livre. à plus petite échelle, j'ai réalisé un gros nettoyage des scories, et a également surgi là le rythme plus ténu, relativement précis je crois, où galope la ligne de phrase. 50 pages.
les espaces entre les poèmes, c'est le tempo. la pulsation, la cadence d'ensemble. à l'intérieur de cela, dans le texte, la phrase frissonnante pianote les divisions et déroule les modulations rythmiques.
étonnant du coup comme l'on se rejoint là avec un batteur comme Eric Groleau, dans cette écriture du temps, du tempo. cette voix de la pulsation, la pulsation de vie, le battement du sang qui pulse au rythme de nos sensations, de nos corps résonnant balançant oscillant.
nous sommes tous, c'est un fait, pulsatifs. mais certains l'écoute plus que d'autres.



24.07.12
comme hier ça bosse, à la maison. grand soleil. enfin.
dans quelques jours, départ pour un mois en montagne.

lecture de "l'homme de paroles" de Claude Hagège.
homo loquens.

le travail de refonder c'est littéralement "inscrire", écrire. c'est-à-dire aussi garder.

écrire permet sur la parole (par le fait qu'elle en soit une image, et par cet autre fait, parallèle, de pouvoir fixer la parole et la pensée en un nombre de signes restreints), de :

  • l'enregistrer, la mémoriser, l'inscrire
  • la garder, la conserver donc
  • un gain de fidélité car la parole est figée relativement, une fois inscrite, reproduite
  • la transporter
  • la reprendre (corriger, préciser, travailler, malaxer)
  • écrire c'est dire sans parler… et ce geste est une pensée articulée, lente dans le silence… et qui a faculté, tout comme la parole, de couler, fuir…




25.07.12
fin de la première partie de la saison de grimpe.
ce soir, fatigué, enfumé, je bosse en finissant un fond de champagne et en piquant du nez sur l'écran…

Les hommes sont des projets de liberté, ce n'est rien d'autre que ça.

Laurent Terzieff
interview INA




26.07.12
préparation minutieuse des sacs à dos pour un mois en montagne : Calanques, vallée des Merveilles, Belledonne, Dévoluy…