09.07.12
pas trop dur à tenir le journal. ce n'est pas une astreinte, plutôt un moment à soi, d'abri, d'isolement voulu des contingences, de concentration. il est par contre plus difficile d'y avoir et une pensée et une écriture et continues et quotidiennes, pertinentes, contre sa propre indigence. c'est même probablement là l'un des enjeux, en plus de celui du travail au tempo du temps.

pas de textes d'importance depuis un moment. à tenter de bidouiller mes lignes-traces-horizons. si la trace originale, à l'encre, au pinceau, au stylo, me satisfait parfois, j'ai beaucoup plus de mal par contre en ce moment à en trouver la variation numérique juste.

Qu'est-ce que bien écrire ? c'est écrire avec ses propres mots.

Ludwig Hohl
film RTS

Un des plus grands malheurs est que les hommes ne veulent pas parler. Seulement bavarder ou se taire.

Ludwig Hohl
Notes ou de la réconciliation non-prématurée (III 2, p 127)
L'Âge d'Homme, coll. Bibliothèque L'Âge d'Homme,
Lausanne, 1989




du mal à descendre ces jours-ci dans le travail de fond, dans le travail sans cesse que je mène sans cesse.
Refonder : dans ce mot même est contenu le travail "de fond".

mais quel est-il ce travail en définitive ? l'ai-je en réalité déjà défini ?
un creusement en soi, et qui va du dedans vers dehors.
mais n'est-il justement pas défini de l'intérieur : par la forme même qu'il prend, par son contenu, son sujet même, par ce qu'il absorbe, ingère, pense, modèle, construit, par son opiniâtreté ?

est-ce pour cette même raison, et celle qui vient, qu'il est si difficile voire impossible de dire pourquoi l'on écrit ? parce que cela vient aussi d'en deçà du dicible, d'avant le dicible, plus profondément, d'une pulsion, énergie, origine, source plus profonde et plus antérieure que le langage et que le verbe, que l'on va peu à peu porter en grandissant ?
en tout cas cela provoque un plaisir rare, difficilement dicible lui aussi. rare bien que dans le labeur constant, infinissable, inquiet mais aussi paisible, sûr de sa nécessité intime, de sa nécessité pour celui qui en est le porteur.

travail qui, par définition, pour un seul homme, parce qu'il est infinissable, ne peut que échouer, sans cesse, sans gravité… ainsi des vagues.

il y a un type de réflexion fondamentale, posée, qui ne se fait que par l'écrit.

écrire je ne sais pas si cela peut faire changer "les choses". je ne le crois pas. ou alors obliquer-dévier quelques attitudes individuelles, toucher quelques pensées intimes, confirmer quelques axes, quelques lignes déjà suivies par d'autres, d'autres qui sont bien sûrement déjà dans le même type de travail de creusement. mais de manière assez sûre cela restera une histoire de peu, maigre, frugale.



10.07.12
seul depuis plusieurs jours. plus l'habitude de l'être après tant d'agitation.
cette pointe de goût de solitude, quelques heures.
puis aller marcher, donner un peu plus de sous que d'habitude au gars Moldave pour l'achat de ses médicaments, voir quelques copains au café, passer derrière le bar aider K. à réparer sa machine à café. s'aider ainsi par quelques petits geste de partage. le plaisir menu de ça.



11.07.12
gérer la personne qui a des crises de démence et à qui l'on a prêté l'appartement voisin du mien. nous avons tenté la conciliation, mais arrive le point où il n'y a plus cette possibilité.



12.07.12
journée dans les sables et rochers de "Bleau".
la pluie encore une fois, par chance, juste à la toute fin.