03.07.12
pour Refonder, une double articulation de titres et de dates : le mot, le temps. (le "bon mot" peut-être : remonter de la note la phrase, l'expression qui fera titre, bandeau d'en-tête, premier visible).

la terrible injustice du psychisme, l'exil d'enfer pour celui qui ne peut vivre avec les autres, leurs systèmes, ne peut s'y accorder, ne peut y être apaisé. mais que faire ?



04.07.12

Créer, c’est résister.

Gilles Deleuze
conférence à la FEMIS, École du cinéma


c’est la rébellion des générations précédentes face aux visions du monde acquises, leurs efforts pour penser le neuf, qui ont fait notre monde. Notre vision du monde, nos réalités, sont leurs rêves accomplis. Il n’y a pas de raison d’avoir peur du futur : nous pouvons continuer à nous rebeller, à rêver d’autres mondes possibles, et à les chercher.

Carlo Rovelli, Qu’est-ce que le temps ? Qu’est-ce que l’espace ?
Bernard Gilson éditeur, coll. « Réflexions », Bruxelles, 2006.



découverte du boson de Higgs ce jour par le CERN.



05.07.12
travail de nuit hier. énorme pleine lune rousse phosphorescant les sables blancs de Fontainebleau, et se glissant entre les nappes de nuages bleus-noirs. grenouilles croassant au loin, vers un marais.



06.07.12
l'orage quotidien, comme si la nuit tombait à 17h, la lumière crépusculaire, découpes de cinéma, le coup de vent qui précède le front, et la pluie soudain, violente, avec le tonnerre, et la grêle tout immédiatement, puissante, rideau laiteux, rebondissante…
puis d'un coup l'arrêt brusque, de la grêle, et le début du silence, dernier rideau d'une petite pluie d'eau de tulle légère, venues des extrémités du nuages, après le gros. un coup, puis deux coup de tonnerre, à gauche, après les tout premiers qui venaient de la droite…
ça dégoutte ensuite.

aller déboucher la bonde de l'allée. inondée.
le framboisier ont tenus. bien, je crois.


en faire un bloc. une "poème" ?
bien savoir où placer ça : carnet, journal, poème ?
et où bien placer, aussi, cette phrase que je viens tout juste d'écrire.
et ainsi, de suite…

dans le journal, les notes : la virgule. pas dans le poème, où que le point.

enfin quelques jours devant moi, libre, isolé, pour le travail de fond.

il faudrait presque dire à la limite, il écrit bien sûr pour des lecteurs un écrivain, qu'est-ce que ça veut dire "pour"? ça veut dire "à l'intention de". un écrivain, il écrit à l'intention des lecteurs, en ce sens il écrit pour des lecteurs, il faut dire aussi que, l'écrivain il écrit pour des non-lecteurs, c'est-à-dire pas "à l'intention" de, mais "à la place de", "pour" ça veut dire deux choses, "à l'intention de" et "à la place de", alors Artaud a écrit des pages que tout le monde connaît "j'écris pour les analphabètes", "j'écris pour les idiots" ça veut pas dire pour que les idiots le lisent, ça veut pas dire pour que les analphabètes le lisent, ça veut dire à la place des analphabètes. je peux dire j'écris à la place des sauvages, j'écris à la place des bêtes et qu'est-ce que ça veut dire ça ? pourquoi on ose dire une chose comme ça ? j'écris à la place des analphabètes, des idiots, des bêtes ? et bien parce que c'est ça que l'on fait à la lettre quand on écrit. Quand on écrit, on ne mène pas une petite affaire privée, c'est vraiment les connards, c'est vraiment l'abomination de la médiocrité littéraire de tout temps, mais particulièrement actuellement qui fait croire aux gens que, pour faire un roman par exemple, il suffit d'avoir une petite affaire privée, sa petite affaire à soi sa grand mère qui est morte d'un cancer ou bien son histoire d'amour à soi et puis voilà on fait un roman. Mais c'est une honte quoi, c'est une honte de penser des choses comme ça, c'est pas l'affaire privée de quelqu'un, écrire, c'est vraiment se lancer dans une affaire universelle, que ce soit le roman ou la philosophie, hein. Alors qu'est-ce que ça veut dire ça ?

Gilles Deleuze
abécédaire : A pour Animal
transcription de (à partir de 16')



découvert ça aujourd'hui en 2012, alors qu'en 1991-94 dans Désertia j'écrivais en exergue, en incipit :

Aux molécules, aux atomes.
Aux bêtes, aux étroits...
(…)
Idiot ! Idiot ! Mais c'est la joie ! La profondeur ! Les animaux l'ont bien compris qui ont de la psychologie.


là c'était "à la place de" sans doute, mais cela peut aussi être "pour" lorsque je disais vouloir jouer pour les bêtes, et que nous avons pu le faire lors d'un concert à la ferme, avec 150 beaux cochons roses derrière la scène.



07.07.12
l'orage quotidien encore…
puissant plaisir simple d'avoir enfin un peu de temps, de calme, pour soi.

j'attaque Absalon, Absalon ! jamais lu.

me repose, prend le temps.
trace quelques horizons "bavés" : une ligne tracée puis tout de suite frottée au doigt mouillé, donnant une impression de vent ou de vitesse, apportant en tout cas une dynamique, un second geste…



nuit du 07 au 08.07.12

il faut trimer dure pour avoir l'heure juste.

Noam Chomsky
in film "La Fabrique De L'Opinion Publique"
(+ dissécation du contrôle du privé sur les ressources)



parl# ne peut juste être de la poésie mise en musique. mais doit aussi être un acte : un acte de parole, bien sûr, de la puissance du verbe, du dire, de son impact, de son risque, mais aussi un acte de partage, d'échange, un acte de "faire" ensemble (le "avec" de mes petits moyens par exemple)
et cela dans le temps d'un concert bien sûr, mais aussi dans la manière de mener le projet, dans la façon de vivre, de faire vivre l'équipe, le groupe, de jouer cette rencontre, ce point de rencontre de différentes voix. voix différentes au sens large : personnalités, sensibilités, perceptions, choix des instruments véhiculant cela.

en ce sens parl# doit être un acte, c'est-à-dire contenant une portée politique, par : 1- l'exercice continu d'une liberté, de notre liberté, 2- une prise de risque, garante du vivace, 3- la possibilité de s'entendre, à tous les sens de ce terme.

ce que j'appelle le point d'inébranlabilité, récemment atteint dans cette parl(e), doit nous faire d'autant plus aller dans cette direction.


écrire - tracer - parler, peut résumer mon travail.

s'isoler cet hiver pour écrire - tracer - méditer - marcher…
pour continuer et clore UUuU sans doute, pour travailler à bloc, pour creuser Refonder.



08.07.12
la pluie. temps d'Ecosse. à croire que cette météo de lande et de mer est descendue ici.

rythme, tempo diurne/nocturne quotidien :
méditer
écrire
manger
marcher
écrire
manger
parler
écrire
dormir


lectures de Tapies, Tholomé, Vollmann, Dubuffet, Wauters, Faulkner…

bloc c'est encore vraiment de la boue informe. matière vague, et encore bien maigre, qui va aller s'accumulant, et se pétrissant. sans doute, sans doute.

troisième jour de calme, on se prendrait presque déjà à vouloir de nouveau de l'agitation. mais je le connais ce troisième jour, il est toujours une charnière.