1- noter et écrire : même boulot
asséner, être bien clair sur ce qu'est "noter" : faisant partie du même boulot d'écrire, du même abattage, une composée de l'avancée…
donc aussi éditable en tant que tel.
noter : c'est face B de l'écrire, qui est écrire encore, aussi, déjà.
noter ça participe encore, ou déjà, d'écrire. c'est dans le travail central, pas moins, pas plus, que le travail de poésie.
le travail de notes, nécessaire. sur le même plan de fond que les poèmes, mais à côté, parallèle, accompagnant, et ne nécessitant pas toute force et corps. rendant compte des avancées, des petites découvertes, des constats, lieu des élans et des freins, des malaises et des sérénités, des errements et des lucidités.
mais fondamentalement travail où l'on "pose", dans un quasi calme.
une décantation.
notes : comme les feuillets de Montaigne, où les réflexions sont parsemées, nourries de citations.
plusieurs "objets" de note :
- dans le carnet de notes (celui papier, au fond de la poche, ou les bouts de fichiers parsemés) ça note des traces, pas forcément cohérentes, ça enregistre les petits bouts jetés.
et c'est un cheminement régulier depuis des années, nécessaire.
- dans le recueil de notes, là la note est décantée, retravaillé, choisie, ciselée, soumise à l'épreuve du temps, pesée… dans un plus grand calme, dans un moindre degré d'urgence.
le recueil de notes est dans une durée autre. autre que le carnet, autre que le poème.
plusieurs "rendus" des notes :
tout comme il y a articulation entre noter et écrire, il y a aussi une articulation entre le site-blog (rassemblant initialement les notes) et le livre numérique (recueillant les notes, en faisant recueil).
site-blog et livre numérique étant, tous deux, deux interfaces d'un même corpus :
- le premier comme pièces d'un puzzle apparaissant au fur et à mesure de leur écriture
- le second comme puzzle assemblé, fixant un inachevé.
2- travail de durée
la différence du travail de durée entre noter et écrire. entre le recueil de notes (Refonder par exemple : sans limite, sans butée, sans fin, dans l'épreuve de la durée, 22 ans aujourd'hui, échelle d'une vie) et un recueil de poèmes (séquences généralement d'environ 2 ou 3 ans).
si les unités (notes d'urgence, notes de fond, poèmes…) ont des fréquences d'apparition comparables, il y a comme une grande différence de fréquences d'ondes entre les recueils de notes et ceux de poèmes : une vie d'écrits pour le premier, des séquences de vie d'écriture pour l'autre
Qui ne voit que j'ai pris une route par laquelle, sans cesse et sans travail, j'irai autant qu'il y aura d'encre et de papier au monde ?
Montaigne, III, 9
en attendant la sortie de Refonder 1990-2011 pour cette fin d'année (livre numérique chez publie.net)
