20.9.11

de plus en plus le besoin d'avoir des temps d'isolement pour écrire. et des temps de plus en plus longs. de plus en plus le besoin ressenti de n'avoir que ça "à faire" : écrire, lire, rechercher, tourner autour, mener projets autour de cela…
il est un moment où l'on ne peut mener travail de fond dans l'agitation et les mouvement venus de l'extérieur. travail de fond qui se fait en-deçà de la visibilité immédiate, en coulisses, et ne peut dans un premier temps ne se faire que là.

ces temps-ci à re-lire beaucoup de notes d'écrivains et poètes (Emaz, Gracq, Gombrowicz, Prigent, Rimbaud, di Manno, etc, etc…)

à travailler sans cesse, même s'il se passe peu. là où certains pourraient croire que je ne fous rien, c'est que je ne suis pas à la caisse d'épicerie ou à l'open space de banque, mais je lis, accumule, mature. ça charge sans doute…
en réalité, pour être exact, il ne s'agit pas de "travail", mais d'être "en travail". et cela en permanence, à toutes heures, dans la durée, depuis des années.



5.10.11

Est-ce que notre admiration et nos transports naissent de nous ou bien entre nous ?
Gombrowicz – Contre les Poètes (éd. complexe p.57)


le fait d'avoir pris du recul sur pas mal de "cercles" (après que cela m'ait permis d'apprendre beaucoup et de nouer de belles amitiés au sein de ces mêmes cercles) me permet sans doute d'avoir une vision plus large, plus dégagée du jeu un peu fermé produit par un "milieu", pas le nez dans le guidon du peloton serré. désormais je crois que je choisi plus mes réseaux d'affinités. en tout cas cela correspond mieux je crois à ma nécessité d'indépendance, à mon exercice d'une liberté, tant personnelle que du point de vue de l'invention des formes...
d'ainsi parfois "déboîter" de la forme déjà reconnue, pratiquée, entre nous ou en soi, pour tenter de s'en démettre — en soi — et de déplacer les lignes de création. de ne pas répéter encore ce que l'on sait faire, mais de prendre risque toujours, de garder intact ce mouvement vivant devant.
dis autrement je me méfie de la "perpétuation" de ce qui marche, de reprendre la bonne recette, de la resservir toujours, rien de mieux pour ne pas avancer. dis autrement encore c'est prendre risque de se planter mieux, pour avancer dans la trouvaille de cette langue introuvable. on connaît le credo : "rater mieux"..



12.10.11

n'écris rien ces temps-ci. à peine quelques notes et lecture.
rien.
pas grand chose ne vient. ou pour être plus exact plus dans des élans comme je sais les mener largement et continûment d'habitude.

à lire donc encore les notes des autres : relisant Giacometti et Matisse, pas lus depuis longtemps.
ils me font écrire, ces notes.

Recommencer le travail absolument indépendant sans le moindre contrôle, liberté complète, et uniquement ce qui m'attire, ce qui me plaît, dans tous les domaines. Liberté.
Giacometti, vers 1934 (Ecrits, éd. Hermann, p. 173)


reprendre toute liberté.
ce qu'écrit Giacometti je pourrais l'écrire, le dire, mot pour mot.

cette liberté, cette indépendance doit-elle être un isolement ?



16.10.11

(…) mouvement, actualité, mode qu'on doit suivre. Quand on est jeune, évidemment, c'est bien. Il faut commencer par entrer dans la mêlée, s'aventurer dans la brousse. Mais pour moi maintenant le silence, l'isolement sont utiles. Ils ne sont à craindre que pour les "demi-peintres".
Matisse, Entretien avec Tériade, 1929 (Ecrits et propos sur l'art, éd. Hermann, p. 92)

peu modestement peut-être, mais c'est sans doute ces temps-ci cet isolement que je découvre là (me détachant des réseaux/milieux, ne m'y reconnaissant plus, apprenant peu à peu — comme dans une sorte de mélancolie encore — que j'en ai de moins en moins la nécessité pour travailler mon travail). isolement et silence (même si cela m'interroge beaucoup en ce moment) dont j'ai de plus en plus un grand besoin et désir… pas évident de découvrir cela. à la fois cela n'est ni grave ni mauvais signe, au contraire. cela me fera même être, situé, un peu plus à la base, racine, fondement de mon travail.



18.10.11

cette histoire de milieu, de "famille" un peu consanguine, c'est pour moi fondamentalement me démarquer du courant pour chercher du neuf et de l'inouï, de l'authentique non contaminé par le jeu des affections uniquement sociétales. le même discours ronronnant toujours, le vocable attendu, les codes de suite repérés, m'ont lassés.
de plus en plus ours peut-être. incapable que je suis de soutenir le jeu de cercles et salons, avec leurs phantasmes associés.
et pourtant toujours besoin de ces périodes entre exposition publique (du travail, donc par conséquence en partie de moi-même) et retraite nécessaire au calme du travail de fond.
cela vraiment associé à une éthique plus fondamentale peut-être (mais en est-ce une ?) d'un effacement de l'auteur que je cherche de plus en plus : que sa voix soit là, mais ego refluant.

le travail d'invention des formes n'a rien à voir avec le sociable, là n'est pas son souci ni son but. il est même fondamentalement a-social, et, au moment de sa recherche et de sa production, indifférent de sa réception et de sa "reconnaissance" (au sens où l'on saura "reconnaître" une forme, l'identifier au monde et références connues, alors même qu'elle est neuve).
ensuite oui, à l'étape de la restitution, publique par exemple, l'on peut se poser la question de sa partageabilité.