et ça fera rebond aux 2 articles de françois bon ( et )...


pour moi c'est déjà ça, depuis plusieurs années, écriture par le net,
je ne crois pas qu'il y ait d'écriture pour le net, je ne crois pas que l'on écrive pour un support quelconque — quoique — le support parfois influença la forme de ce que l'on va mettre dedans
une écriture par le net, ça oui (et tout un pan est déjà lancé quoique encore très restreint)
refus côté édition m'y ont poussé, certes (et formes de plus en plus peu compatibles pour cette sorte de diffusion), mais aussi les nouveaux outils ouvrant des champs nouveaux (graphique, photographique, sonore, géographie hypertextuelle permettant de construire des travaux « en liens », la possibilité de rendre et de mettre en scène l'infinissable d'une recherche, son aspect évolutif et mouvant en plus de son aspect accumulatif, stratigraphique)

écrit là où ça porte,
écrit sans filtrage des validations symboliques, écrit librement — les validations symboliques intervenant après, éventuellement, mais n'influençant pas — en tout cas écrit en toute indépendance — et depuis pas mal de temps plus du tout en dépit de ces validations du monde papier — il n'y a d'ailleurs aucune sorte de concurrence entre ses deux supports, net et papier — on utilise, on s'appuie sur les deux — on ne se dispense d'aucun, le développement du net pour qui écrit n'a pas amené cette dispense — tout comme la tablette graphique n'a pas tué la peinture, tout comme l'électro n'a pas tué le violon

pas certain donc qu'il y ait une écriture nouvelle spécifique au net, (à ne pas confondre avec le fait que les écritures menées actuellement s'exposent sans doute pour une part désormais sur le net — même si le réseau net littéraire n'est encore qu'une parcelle étriquée au vue sans doute du nombre d'intervenants potentiels) par contre une écriture portée spécifiquement oui c'est une évidence...
il n'est que de se pencher un peu, de creuser un peu sur ce que signifie le rapport txt-écran, ses variations possibles, pour se rendre compte, vite, très vite, que l'on ne balance pas un txt sur la toile-écran, comme l'on balance un bouquin — qu'une page, même si le terme est identique, n'a pas même statut dans les deux « médias » — qu'il y a là, en plus du rapport graphique, un mouvement ou tout du moins quelque chose à faire vivre en permanence, à garder au feu, à animer sans cesse — que les sites vitrines sont morts-nés — que les sites peuvent être œuvres, sont œuvres pour quelques rares déjà — mes anciennes grandes malles de manuscrits sont maintenant des malles « entoilées » sur le web — et que ça peut se construire comme une baraque perdue, pierre à pierre, ça grandit, ça se tisse, se creuse, s'aggrave, se répand — que rien n'est définitivement fixé — je rajoute une photo hier à un txt ayant presque 20 ans — une mouvance propre, une animation propre —
déplacement : le statut page définitivement modifié, le statut volume ou recueil de pages définitivement dilaté, le statut du définitif d'un txt définitivement dépassé
pas une autre écriture en soi — mais une écriture portée, emportée différemment
une autre écriture vient de la lang, pas de son support — quoique, encore une fois quoique —


écrit là où ça porte, où se creuse, où l'énergie primaire de la parol explose — alors désormais avec txt, son, image, graphisme, empilements, séquences répétitives évolutives, et exposition immédiate — possible d'énergiser un chouillat plus, de pousser cette projection de l'énergie primaire de la parol explose

un espace spécifique, non pas avec une littérature spécifique, mais avec sa littérature portée spécifiquement — portée d'une part par ces outils-supports nouveaux, par exposition directe d'autre part (exposition immédiat au lectorat, et exposition sans filtre éditorial)
exposition directe portant son risque spécifique, celui du work in progress, aspect fondamental à mon sens — ce risque d'ouvrir son atelier — si proche finalement de la performance scénique — l'importance primordiale du live

et là, deuxième voie, piste, cap — l'écrit scène, l'écrit rock, l'écrit projeté direct, l'écrit... où déménager le bordel !
que le txt sorte du corps, qu'il ne reste pas entre le corps et la feuille, qu'il soit expulsé
là où l'énergie primaire de la parol, ce qui la pousse
là où l'organicité de la parol dans le corps
la tension de parol venue du ventre, du dedans, pas d'ailleurs
avec ruptures, rythmes, silences, gueulantes, cris, exténuations, tension, intensité
l'organicité de la parole mise en scène
la lecture peut être quelque chose de puissant, renouvelé, quelque chose de beaucoup plus emportant que l'emmerdifiant pour initiés
ré-unir la recherche à la facilité d'écoute

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