de la littérature dans le net :


le débat entre solide (livre) et gazeux (net) est dépassé. déjà. les deux états sont complémentaires, ne s'excluent pas en soi

je ne parle pas ici d'un net de vitrine, ou de simple exposition de ce qui existe par ailleurs
le fait est que le net est à la fois :

  • lieu de ressources : évident
  • lieu d'exposition de l'exploration : non pas exposition de produits, mais comme ouverture de l'atelier, du labo : visibilité, manuscrits, paperolles, tentatives, tension vers, aboutissements éventuels
  • lieu de flux et d'échanges : interactions, confrontations, influences, et réseaux, rencontres, communautés de goûts, mutualisation de compétences
  • lieu et matériel d'exploration en soi : apparition pour l'écrivant des apports et interactions du graphisme, du sonore, de l'image, film, etc...
  • lieu de durée d'exploration : work in progress, et par là lieu d'exposition (au sens ici de s'exposer à un risque, tenter, et non de donner à voir), suivi des durées des mouvements progressifs-régressifs de l'écriture, genèse
  • épaisseur d'exploration : sites construits comme œuvres globales en soi, stratifications, empilement, accumulation, architecture


de là qu'il est possible d'avoir une constance sur le net, de créer pesant, d'écrire de poids, alors même que l'outil est « dit gazeux » par certains

le débat est déjà dans l'usure, le pas est en train d'être passé
c'est juste l'époque d'une charnière, avec ses premiers auteurs « gazeux » jamais publiés en « solide »
pas loin le jour où un auteur sera reconnu comme essentiel, ayant basculé la langue par devant, sans être d'abord passé par le livre et les filtres donnant accès au livre

l'objet livre n'est pas crevé, et les explorations d'écritures présentes sur le net ne lui font aucun mal... nous le désirons d'ailleurs encore ce livre, avec le suivi éditorial qu'il suppose.
si le net (ou pour être plus exact, les auteurs pratiquant le net) enjambe le livre, c'est qu'il enjambe plutôt les filtres d'accès à l'édition, quasi verrouillés à l'écriture d'exploration — et là forcément il y a aigreur, et peur sans doute, des détenteurs-modérateurs de ces filtres... est-ce sans doute par conséquence que ceux-là font si peu leurs « courses » sur le net, qu'ils le considèrent comme contenant d'abord, pauvre de contenu de poids ensuite...

saisir que le théâtre d'exploration se déplace, c'est être déjà demain