je suis passé de la littérature à l'écriture, puis de l'écriture à la langue, puis de la langue à la voix
(et plus loin...) en quelque sorte, j'efface de la langue tout ce qui m'y paraît inutile, tout ce qui n'est pas expressif.
Guyotat


• littérature > écriture > lang > parl > voix
Curieux, troublant de retrouver chez Guyotat, ce passage, descendant. Descendant car allant à mon sens au plus profond. Ces notes d'écriture ici sont finalement un peu l'histoire de cette découverte et passage progressif.
J'avais découvert dans vox que la voix est avant la langue. La voix vient du ventre, du corps, du souffle. Avant la langue... Mais plus largement c'est vraiment passer de toute la codification littéraire, langagière (la lang normée, socialisée au fil de l'histoire), à une lang, à une voix, plus directemment venue, surgie dans un matériau plus brut, plus sauvage. Cette lang là me semble plus proche de sa source, plus "fidèle" à son surgissement.
Cela doit être une histoire ancienne, ce goût pour le brut plus que pour le ciselé. Même si cela ne dispense pas de travailler, pétrir, polir, malaxer, cette lang brute, la lang éthérée, adjointe d'artifices (il me semble que c'est ainsi que Guyotat dit littérature) m'a toujours paru plus éloignée de l'urgence, de la nécessité profonde qui l'a fait surgir, que la lang brute. Mais je me trompe peut-être, il n'est que de lire Mallarmé, Proust ou Saint-John Perse.
J'ai finalement toujours eu plus goût pour le caillou que pour le fronton de marbre...
Ainsi donc cette sensation d'avoir désappris, de s'être éloigné de la littérature, pour aller à la lang, pour aller à la voix.
C'est la première fois que je retrouve cette expérience, cette formulation chez un auteur, ou tout du moins qu'un le dise.