(vers 1993)

EN CE MOMENT JE NE CHERCHAIS PAS je rendais compte. Avec quelques jours de recul. Presque immédiats. La vie, ce qu'elle est. Je me mettais à croire que la vie suffisait, qu'il n'était pas nécessaire de la romancer pour en faire un roman. Racontée telle quelle elle suffit à nourrir un espace, à nourrir une réflexion. Nous n'avons pas d'autres richesses.

Je me dirigeais peu à peu vers plus d'intériorité. Histoire de cela. Vers l'ombre, des profondeurs croissantes de la réflexion, à l'étonnement de notre brièveté, passage d'un noir à un plus noir encore... d'un néant à un autre... et entre, de la vie, du verbe, de l'amour, de l'invention, incompréhensiblement poussés entre ces bornes. Que tant de liens, de choses aient été créés et soient ainsi livrés en quelques secondes à un seul reste de présence impalpable, au presque rien.
Sans doute.
(Sa mort me laissait cela.)

De plus en plus de moins en moins de commentaires à dire en voyage. Jeune l'étonnement de se déplacer, la gloire de voyager, maintenant j'ai peu de choses à dire.