article rédigé à la demande de Constance Krebs pour les éditions Nouveau Monde, pour constituer un dico sur les influences du roman populaire sur nos écritures, avec des articles de nombreux autres auteurs (Daeninckx, Winckler…).



remonter alors _

l’aventure d’abord _
avec les biblio verte _ 6 compagnons avalés dévorés _ pas narration plus emportante que ça, on attrape le fil et du début à la fin la grande aventure _ à rester des heures à la biblio les enfouir tous les dévorer
les grands bouquins d’aventure ensuite _ montagne, explorateurs, alpinistes ou navigateurs, réels ou fictionnels _ Rébuffat, Néel, Moitessier, Bouvier, Corto le Maltais…
là la narration, le flux continu, déroulant, de l’aventure racontée _ je trouvais l’épique là plutôt que dans Homère
là sans doute un début de conscience des éléments premiers, de l’essentiel _ de l’évidence _ sentir là où on touche au monde _ le contempler, en avoir faim _ le recevoir en pleine poire comme sensation violente, épurée _ le sentir me traverser _ une sensation poétique _ appel puissant _ et visions
pour ensuite aller réaliser cela soi-même, pour soi, aller chercher soi

remonter remonter _ la chanson
gainsbarre le maître le grand gribouilleur bidouille _ ses mélodie nelson et tête de chou _ c’est grande criture remuante ça _ son mélodique-rythmique sa façon de l’allitération et du renvoi m’ont marqué profond oui
brassens le grand georges le très métré _ quoi de plus popu _ j’ai entendu ça jusqu’au fond de campagnes où il n’y avait que accordéon étoiles des neiges _ où il n’y avait que mobylettes pour se délasser un peu entre bals top kitsch 50 _ et pourtant là ces vers _ ce rythme mètre au cordeau _ même là entendus, intégrés

remonter encore _ l’histoire
des centaines de livres sur la seconde guerre _ résistance _ tous ceux de la biblio de mon bled, tous, méthodiquement _ et toujours depuis
et la shoah _ lire shoah, écrire shoah, dire shoah, et tout tarés faits similaires _ srebrenica and so _ tenter de cerner cet incompréhensible où le pourquoi même a, semble-t-il, déserté
ce sont peut-être plus influences constitutives qu’influences d’écriture mais
là peut-être sensation de gravité _ pessimisme ontologique _ de ce que peut l’homme _ sa petitesse et son rien d’infini (comme quand vu d’ailleurs du haut d’une montagne ou au milieu océan) _ la conscience de son passage, illusion de sa pérennité _ conscience de la relativité de toute chose _ d’où sans doute capacité et utilisation constante du point de vue _ lucidité, acuité, conscience crue, incisive, sans doute traverse tout depuis _ visions et écritures
de là peut-être aussi incapacité à tout grégaire _ de là donc sans doute, dans la criture, dans le parl, le penchant, l’élan, le mouvement vers le pas encore fait, la lang nouvelle, pas entendue _ toujours si possible

des influences de contenus, d’univers, participant à une conscience, essentiellement _ les influences spécifiques d’écriture, les apprentissages de la pâte verbe, les coups de poing de parole, venant plutôt de cette écriture que l’on dit la grande
est-ce avec cela que la nécessité d’écrire s’est développée ou avant ? je ne sais mais accompagné oui _ et depuis encore