(ébauche)

Il ne s’agit pas de reproduire ou d’inventer des formes, mais de capter des forces…
Deleuze


• françois, ta perf de vendredi à Malakoff, ainsi que tes dernières expériences sonores qui me font démarrer ici m'intéressent (les derniers tumulte que tu as mis sur krnk par ex) avec ses rythmiques rock, ou sur scène, la profération, l'incantatoire du déroulé de la phrase, les scansions du corps, des pieds
même les hésitations de lecture, les ratés de démarrage de phrase, après un léger temps de surprise, m'ont plu aussi — et le rappelent un peu les bégaiements que j'avais pu faire — c'est là aussi je pense que l'on "entend" le cœur du moteur
lors de mes trop rares perf j'avais callé tout cela au millimètre et finalement inhibé ces scansions, ces montées d'énergie — je caricature un peu mais tout était passé uniquement par la bouche et j'avais gardé les mains dans les poches
il faudrait que je m'y confronte régulièrement pour pouvoir vraiment avancer


• il y a là dans la profération, il y a pour que le txt deviennent profération, force incantatoire et force rythmique, liées :

profération | force incantatoire _ pulse
le parler parler déroulé dans la puissance montée peu à peu enveloppante
amené par rythme de train rythme
cf incantations de Luca, de Montels

à l'articulation incantation-rythme, le souffle le foutu paquet de souffle qui rentre là ou plutôt qui sort de là

scansion | force rythmique _ beat
rythme de train rythme scansion recherche de la montée toujours recherche de la montée à donner à projeter devant doucement impérieusement
cf scansions de Tarkos, et dans une certaine mesure de Prigent

pouvoir | histoire _ mc (maître de cérémonie)
dans la puissance montée peu à peu enveloppante là le pouvoir là prenant le spectateur dans la montée qui fait histoire, l’histoire qui fait montée agissante peu à peu sur le spectateur qui fait impression
une histoire de présence une histoire de puissance une histoire de prise sur de captation
la montée de la tension qui prend sur
que cela me raconte quelque chose que cela me cause que cela me parle que cela interfère croise mon système de références et alors prise sur
cf pouvoir de Léo Bassi (vidéo) que j’ai pu voir à Aurillac qui, pour démontrer et démonter de façon extrème le pouvoir du pouvoir sur les foules, ou sur des spectateurs, nous prend en otage avec notre propre peur, avec ses provocations (vidéo ne rendant malheureusement que peu compte de la montée de la tension, mais je vous jure que la démonstration est plus que convaincante)


• Guyotat (entretien pour lire) :
Oui, la chose publiée ne me suffit pas. Parce que la chose publiée a perdu aujourd'hui une part essentielle de sa force. Parce que, aussi, la lecture publique est une épreuve, un défi, un risque qu'il est bon de prendre. On se sent si bien après. Et c'est aussi une façon très simple de découvrir et d'évaluer le pouvoir qu'a le verbe qu'on crée; et ceci n'est pas aussi sans inquiéter. Moi, du moins, ça me tourmente. (...) Sans ces lectures et sans ces interventions publiques, sans ces extériorisations du risque qu'il y a d'écrire, et d'écrire comme je le fais, ma «vie d'auteur» serait insupportable. (...) Ce n'est qu'après Eden, Eden, Eden que j'ai commencé à imaginer la langue comme pouvant produire des sons extériorisables. Et la découverte intérieure de la langue comme prononçable, comme voix, cela a été pour moi un drame de tous les instants.