mo#zaïk

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je vois trains filant dans l’asphalte pur des villes rayant l’espace les champs d’herbes de blé les villes clochers et villages perdus dans la stampa ouest

je vois trains rayant vite le pur azur et or le grand rayonnement pur des champs griffés au travers des fenêtres vites

je vois train devant un grand poteau peint en jaune et noir

je vois ma petite fille c’était la lumière là baillant fatiguée dans le métro inquiète de ne plus me voir dans la foule s’accumulant de plus en plus entre les strapontins les tiges de fer blanc me rejoignant la lumière ouais dans son visage fatigué ses yeux perdus dans le vide et cherchant

je vois yeux rivés rêvant sur le grand paysage de la parole-voix-vie yeux rivés rêvant derrière les fenêtres des train filant à 300 dans le pur azur et l’or du sun au-dessus de massilia maritime

je vois gare port maritime filant crâmés sous le sun dans l’étendue béton d’attente des wagons de marchandise et containers trans-mondiaux jaunes verts bleus blancs et poèmes commerciaux au pochoir sur leurs flancs indélébiles

je vois envie de marcher marcher marcher et charger sac léger essentiel quignon fromage ail carnet 2 3 stylos tabac et prévenir personne

je vois type crevé là à peine endormi somnolant ou ivre ou crevé type là contre le mur des villes encore dans les déchets et vies torrentielles écroulé là là dormant ou crevé m’entendant arriver me disant dans un râle « j’ai faim »

je vois Gino la cambriole boire courir voler qui vient récupérer morceaux et ferrailles vieux transistors radios rouillées qu’il va changer à la brocante et repartir carton sous le bras dans la grande lumière d’août en levant les bras au ciel et chantant aiiiielooo

je vois monsieur lippe pendante gueule de travers ahuris sidéré rasé en partie avec des traînées de barbe restante avec casquette rouge salopette verte pantoufles bleues tout petit sac rouge la lèvre pendue c’est un Monsieur un seigneur des abîmes serrées sidérées des abîmes transcendantes de la conscience éclairée un idiot transcendant traînant au marché son sac à roulettes dans les épluchures et les papiers gras et cagettes pliées dégueulasses humides priant

je me vois assis là à gribouiller dimanche passant le corps reposé (les oiseaux)

je vois vieux blues de ry cooder glisser dans la cour entre les feuilles du prunier entrant par les fenêtres grand’ouvertes et soleil cogne une grande lumière inonde dans ma chambre coule sur mes bras où je fais mon yoga et maintenant c’est miles (qui filtre) et l’odeur d’un ragoût

je vois mon petit carnet noir dit à la japonaise que je remplis d’une langue inconnue

je vois mon pa mon pa dans la montée mon pa pa pa mon pa dan la montagne mon pa dan la montée mon papa dans la montagne son pa dans le sentier le son de son pa le son de mon pa dans la montagne le son du pa de mon papa dans la montagne

je vois voiture verte caisse presque fluo passant devant moi à toute vitesse n°203 inscrit en gros et blanc dessus balais rotatifs et tuyaux d’arrosage lancés à toute vapeur en avant me crachant splitch sur les pompes

je vois musique énorme dans le casque et grand vent entre les deux oreilles vitesse extrême et vieille machine à tripatouiller taper mots m’échappant dans la grande linéarité folle de la parole échappée échappée échappée échappée échappée échappée

(je vois grande crête calcaire inondée de lumière encore et aérienne au bord du vide jouer les bras suspendus au-dessus du gaz les jambes au vide)

je vois fatigue énorme clope au bec lang exténuée vidée que dire encore dire encore

je vois un peu travailler encore travailler toujours avancer toujours et puis là soudain dans le noir la lum de midi soudain inonde

je vois fleuve le long de trains rayant l’europe débordant et inondant maisons champs prés arbres flottants fleuves tissant à travers l’europe leur force leur puissance fluide